Le couffin de la ménagère, déjà bien alourdit par les prix, rencontre parfois des difficultés inattendues… Rn effet, pour gagner plus d'argent, certains commerçants n'hésitent pas à employer des méthodes illégales, quand elles ne sont pas dangereuses pour la santé du consommateur. Au cours de nos pérégrinations quotidiennes, il nous arrive d'en discuter avec diverses parties et les histoires que l'on nous rapporte sont étonnantes et même parfois choquantes. Voici quelques uns des pièges à éviter, pour ne pas être victime de ces tricheurs, de ces fraudeurs… Si vous êtes sur les routes, vous voyez souvent des bouchers installés dans des baraques peintes de rouge et vendant du mouton à un prix moins élevé que le marché. L'arnaque est ici multiple : dans certains cas ce boucher peu scrupuleux vous vend de la chèvre, qui n'est pas au même prix. Dans d'autres cas, il vous sert de la brebis, dont la chair est plus dure et moins savoureuse. Il trompe son monde en plaçant une tête de jeune mouton sur la devanture, avec souvent un gigot portant les parties génitales de la bête pour compléter le tableau. Toujours sur les routes, on vous proposera du miel qui n'est autre chose que du sucre caramélisé, que l'on recouvre d'un peu de vrai miel. Parfois vous trouvez aussi des paysans qui vendent des œufs certifiés de ferme. Un routier nous a affirmé : «il s'agit d'œufs industriels légèrement recouverts de terre et placés sur de la paille pour tromper les citadins qui ne sont pas trop connaisseurs. » Pour le Merguez, le salami ou la viande hachée, on a constaté que certains bouchers, dans nos marchés, broyaient tous les déchets, sans distinction, puis les vendaient au prix fort. Tout y passe : les zones dont la chair contient trop de nerfs, les parties grasses, les cartilages… Une dame nous a même affirmé qu'elle a trouvé « de petites pointes d'os dans des merguez de dinde chez mon marchand de volailles habituel, que j'ai d'ailleurs abandonné depuis… » Sur nos marchés, il y a bien sûr l'arnaque des fruits et légumes mouillés, soit disant pour qu'ils gardent leur fraîcheur, mais qui gagnent ainsi du poids : on vous fait ainsi payer l'eau au même prix que les fruits et légumes. Il faut aussi se méfier de tous les produits moulus : cumin, coriandre, piment rouge… Ce dernier est d'ailleurs le produit le plus contrefait, puisque certains commerçants peu scrupuleux mélangent un peu de piment avec beaucoup de peau de tomate séchée, souvent collectée autour des usines qui fabriquent de la tomate concentrée et qui jettent ces déchets. Mais ce sont les poissonniers qui remportent la palme de la triche, puisque certains se permettent de colorer de rouge les rougets normaux, blanchâtres, en rougets de roches, bien plus appréciés par les consommateurs et surtout beaucoup plus chers. Il leur suffit pour cela de les placer durant la nuit sur du papier crépon rouge, celui qu'utilisent les petits élèves dans les jardins d'enfants et ils deviennent partiellement rouges, comme les vrais rougets de roches. D'autres bourrent les gros poissons avec des déchets de seiches, de poulpes, ou de petites sardines, afin d'en augmenter le poids et par conséquent le prix. L'histoire la plus incroyable que l'on ait rencontrée c'est ce témoignage d'un ouvrier qui a travaillé dans une usine de conserve. Pour réduire le prix de la confiture, son patron achetait des centaines de kilos de carottes ou de courges rouges, que l'on mélangeait avec un peu de vrais fruits et beaucoup d'arômes chimiques et le tour est joué. « Il poussait le vice jusqu'à ajouter de la peau de pêche ou d'abricot pour que ça ait l'air à base de vrais fruits », ajoute cet ouvrier. Imaginez maintenant l'essor de notre pays si ces Tunisiens tournaient leur inventivité vers des idées et des projets positifs !