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La wilaya la plus riche
Promenade dominicale
Publié dans Le Temps le 24 - 02 - 2013

Il est des lieux privilégiés ! Après avoir été « le plus riche marché du royaume de Jugurtha » puis « le grenier de Rome », la région de Béja a été la Wilaya la plus convoitée de l'Ifriqiya musulmane. Le site de Béja, lui-même, juché sur une éminence facile à défendre, à proximité d'un Oued, de terrains fertiles ou boisées, de veines de bonne pierre à bâtir est vraiment avantagé et mérite un séjour mémorable.
Les promenades
Même si l'autoroute n'est pas encore terminée, aller à Béja est une promenade facile et séduisante. Tous les gourmands connaissent parfaitement la pâtisserie locale dont la réputation est méritée, à notre avis. Beaucoup de gens ont apprécié les fromages de Béja : frais, à point ou secs, on s'en régale. Bon, les desserts sont prêts. Les plats de résistance : couscous particulier de Béja, épaule d'agneau aux épices, cuite au four, entre autres mets, sont succulents. Fruits et légumes frais abondent. Tout un programme !
Les curieux, dès le centre ville, découvrent des bâtiments opulents ou émouvants : la petite église chrétienne, de magnifiques maisons bourgeoises juste à côté et plus loin, vers les casernes, de superbes maisons « coloniales ». La ville ancienne, qui a pratiquement effacé tous les vestiges antiques, est remarquable pour sa rue animée et commerçante qui ouvre entre l'église et un pâtissier renommé ainsi que pour le nombre de ses mosquées. Tout au bout de cette rue, on arrive à Bab El Aïn et une fontaine très ancienne. Béja a grandi très vite : les cimetières chrétien et militaire, naguère à l'extérieur de la cité, disparaissent aujourd'hui entre les habitations. Même si on ne peut en voir qu'une partie, la visite de la Kasbah mérite le déplacement.
Les amateurs d'antiquités choisiront d'aller voir soit le Pont de Trajan sur la Medjerda, au bout d'une douzaine de kilomètres de piste, pas toujours faciles, soit les sites d'époque romaine, peu exploités hélas, de Ksar Mezouar et d'El Faouar. Entre les deux, dans la plaine, se dresse le monument commémoratif de la bataille qui a arrêté les troupes nazies durant la campagne de 1942-43.
Des carrières ont, hélas, « défiguré » le Jebel Munchar qui, de l'avis des spécialistes, était naguère le rempart barrant la route de l'Algérie à une armée – romaine ? – venant de la côte orientale. Mais tout autour de Béja, il existe des promenades magnifiques. Vers le Sud-Ouest, Thibar et falaises du Jebel Goraa surprennent les visiteurs. Le « mont » : un synclinal perché, abrite une grande nécropole à dolmens, quelques « haouanet » et un village charmant : Jebba.
Vers le Nord-Ouest, on a le choix. On peut prendre la route menant à Nefza et passer à proximité d'un énorme viaduc en pierre. Naguère, de jeunes inconscients « s'amusaient » à passer entre deux piles, avec l'avion de l'aéroclub : il n'y avait qu'une cinquantaine de centimètres entre chaque aile et les piles ! Mais les promeneurs remonteront jusqu'à Khanguet Kef Tout, un passage entre deux monts boisés. Ils traverseront, sur un petit pont, l'oued qui longe la route à gauche et ils reviendront, par monts et pas vaux, tapissés de forêts ou de maquis, qui recèlent beaucoup de vestiges antiques, jusqu'à Béja.
On pourrait aussi s'en aller vers Amdoun, appelé aussi Zaouiet Medien, un village perché, cœur d'une tribu autrefois très turbulente, souvent révoltée contre le pouvoir central et aller jusqu'au barrage sur l'Oued Kasseb. Les amateurs pourront aller, à 7 ou 8 kilomètres sur la route de Bou Salem, jusqu'aux sources thermales de Hammam Sayala.
Tous les amateurs de pêche connaissent parfaitement les possibilités du lac de retenue du barrage de Sidi Salem. Gardous, carpes et sandres foisonnent. Il y aurait même des Silures. Quant aux chasseurs, chaque automne, les voit arpenter les collines aux alentours de Béja. Nous regrettons que la grande maison d'hôtes appelée Aïn Essid n'ait pas connu beaucoup de succès : elle est – était – magnifique.
Béja
L'origine de la ville se perd dans la nuit des temps : son site privilégié a dû être peuplé dès la lointaine préhistoire et le premier noyau urbain date sans doute des V-IVème siècles avant J.C..
L'antique Vaga ou Vacca semble d'abord appartenir aux peuples Liby-phéniciens autochtones très influencés par la civilisation carthaginoise. Plus tard, elle semble avoir été conquise par le roi Massinissa après la bataille de Zama en 202 avant J.C..
Très tôt, la prospérité de la région attire des commerçants italiques. Durant la guerre qui oppose Jugurtha aux Romains de 112 à 107 avant J.C., l'écrivain Salluste estime que Vaga est « le plus riche marché du royaume ... ». Il y existait un culte consacré aux Cérerès : Demeter et Koré, déesses des moissons, dont les fêtes consistaient en « trois jours de festins, de jeux où la licence se donnait libre cours ... ».
Incluse dans l'Africa romaine, Vaga est dotée d'une imposante citadelle, restaurée par les Byzantins, plus tard, dont les fondations soutiennent la Kasbah actuelle.
La ville connaît jusqu'à l'invasion vandale une grande prospérité qui déclinera sous l'occupation de ces derniers (439-533).
La cité, reconstruite et fortifiée sous Justinien, Empereur byzantin, souhaite s'appeler « Théodorida » en l'honneur de l'impératrice Théodora.
Le christianisme et même le schisme donatiste y ont prospéré jusqu'à la conquête arabe, sans doute au début du VIIIème siècle. La grande mosquée, très ancienne, dédiée à l'origine à Sidna Aïssa, disent les légendes locales, aurait été, avant sa reconstruction récente, une église qui aurait remplacé un temple païen.
Sa forteresse et la richesse de la région les entraînent dans les nombreux conflits de l'époque aghlabide. Sous le règne des Fatimides, Béja est pillée par les troupes d'Abou Yazid, « l'homme à l'âne » mais reconquise en 946. Durant le Xème siècle, ses murailles antiques existent encore. La ville, chef-lieu du district Nord-Ouest de 1'Ifriqiya est au cœur d'une des plus riches wilayas du Maghreb.
Elle semble ne pas souffrir des invasions hilaliennes et devient autonome sous le commandement d'une fraction de ces tribus : les Riyah.
Puis le Sultan El Mansour, de la dynastie Hafside, exile les Riyah au Maroc et attribue la ville à la fraction des Souleym vers 1234.
Béja et la région connaissent alors une longue période de déclin qui sera enrayée par l'arrivée des Andalous chassés d'Espagne au XVIème siècle.
La ville se nomme alors Beggia ou Badja.
Durant les XVIIème et XVIIIème siècles, Béja est mêlée aux conflits qui opposent non seulement les tenants du pouvoir ottoman de Tunis mais aussi la Régence de Tunis à celle d'Alger. Cependant, la ville reste prospère.
La citadelle a été restaurée au milieu du XVIIIème siècle sur ordre d'Ali Pacha.
En raison des disettes, des épidémies, des révoltes dont celle commandée par Ali Ben Gh'dhahom en 1864, dont la répression par les troupes du Bey fut féroce, Béja ne compte plus que 5000 habitants en 1881 lors de l'établissement du Protectorat français.
En 1887, Béja est dotée d'une Commission Municipale qui devient une Commune de plein exercice en 1895.
Durant la Campagne de Tunisie (1942-1943) les troupes allemandes sont arrêtées difficilement près de Ksar Mezouar.
Béja et sa région ont été mêlées aux luttes pour l'Indépendance. Chef-lieu de Gouvernorat, Béja est actuellement une ville dynamique qui compte plus de 40.000 habitants et qui mérite de longues visites « gourmandes ».


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